L'origine de mon gâteau remonte à l’ancienne civilisation trypillienne de l’Ukraine. Après chaque récolte, un gâteau au miel ou Medvnyk était préparé à base de noix et de fruits qu’on conservait tout l’hiver. L'année suivante, on le mangeait pour célébrer la nouvelle récolte ou Kupalo. La région de Trypillia est devenue le grenier de l’Europe continentale. Certaines personnes affirment que les premières évocations du gâteau aux fruits datent de l’époque romaine. Pour le fabriquer, on incorporait des graines de pomme de grenade, des noix de pin et des raisins secs à une pâte d’orge, à laquelle on ajoutait des épices et des fruits confits. Ce gâteau dense avait la réputation de soutenir les voyageurs durant de très nombreux jours.
Les Anglais ont pris goût aux gâteaux épicés à la suite de l’introduction des épices et des fruits séchés en Grande-Bretagne au XVe siècle. À cette époque, le pape Innocent VIII (1432-1492) envoie une bulle pontificale à la Saxe libellée comme suit : « Vous êtes autorisés à utiliser le lait et le beurre pour la confection des Stollen Fruitcakes de l’Allemagne du Nord ». Puis au XVIIIe siècle, un décret interdit les gâteaux aux fruits sur tout le territoire de l’Europe continentale, ces derniers étant considérés comme « un péché de débauche ».
De 1837 à 1901, l’Angleterre victorienne popularise le gâteau aux fruits. En effet, la coutume voulait que les femmes célibataires placent une tranche du traditionnel gâteau brun de mariage sous leur oreiller durant leur sommeil afin de rêver à l’homme qu’elles espéraient un jour marier. C’est à compter de ce moment que le gâteau aux fruits devient le symbole de la tradition culinaire anglaise.
Ma grand-mère nous a maintes fois raconté l’histoire de la boulangerie que ses parents, Bohdan et Catherine, avaient à Vienne, il y a de cela 150 ans.
Julia, leur fille aînée qui étudiait dans une prestigieuse école de ballet fréquentée par des membres de l’aristocratie autrichienne, a fait goûter le gâteau familial à ses compères incitant une des familles de nobles à commander un de leurs gâteaux. L’empereur présent, fut conquis par son goût. C’est ainsi que mes arrières grands-parents sont devenus les fournisseurs des gâteaux aux fruits de la cour autrichienne. Ils en ont fait le commerce durant de nombreuses années. Plus tard, au XIXe siècle, leurs enfants ont immigré dans la région des Prairies, au Canada. Une des filles – ma propre mère – s’est établie à Toronto durant la Seconde Guerre mondiale.
Je me suis installé à Montréal dans les années 1970. J’ai modifié la recette familiale en y ajoutant des canneberges et en remplaçant le miel par du sirop d’érable.
Vous vous délecterez à coup sûr !